Un lieu impossible.
Audace, des photos brûlent dans un coin.
T’aperçois. Là où il n’y a rien à voir,
particulièrement
là où tu n’es pas à voir. Il y a
des empreintes sur tes rails, combien
de sourires dans la tôle !
J’aime ton invisible.
Avec une pudeur insolente, tu te découvres dans
ces (microcosmes) révélés.
Plus d’yeux. Sans m’en rendre compte, ils se sont usés
à te savourer partout.
Je, les récupérer ? Sur le fil du pylône,
grimpe, il y a des miettes de macadam,
une lueur ineffable aussi. Ils paissent. Sans rancune. Noir.
Me voici condamné aux idéaux, vulgaires. Prisonnier
d’une implacable symbolique extorquée
au vivant. D’autres
amputations ne peuvent que suivre. Conséquence de l’abstraction progressive : je perds mon cor
Mes semis inachevés, angoisses, les pans de mon
incertitude, tout y passe. Si seulement j’avais peur !
Alors que le cercle se rectifie, j’accueille la tangente.
Comment ? Elle fait des détours ! La voilà qui t’appelle,
vibration, multiplicités délicates, elle te connaît !
En modeste apprenti de ton absence,
j’ai peine
Nous te cherchons ensemble.
Réveil.
On ne m’y prendra plus, à y perdre la vue.
Hé, tu dors ?
Tu te rappelles. Il m’est arrivé parfois de ne pas t’en parler, mais cela me devient de plus en plus impossible. Comment éluder.
Et ce rêve.
J’avais été, ne serait-ce que.
Nous n’avions, était-ce réel ? Une mort à petit feu, et pourquoi pas un suicide ?
Mais c’est elle ! Oui, c’est elle ! Pourquoi culpabiliser ?
On vous tente à la perfection… qui ne la saisirait pas !
L’ai-je suivi ? Non, c’est elle qui m’attachait, cautérisant mes sens.
Je n’ai plus senti mon corps sous son cœur. De plus en plus immobile, je l’ai suivi.
Etais-tu encore présente, lorsque les liens se sont mis à brûler ? Quand as-tu jeté le point final de ton asservissement, durant cette journée de quelques mois ?
Hé, tu m’écoutes ?
De la sensibilité… Qu’on vous en jette, déchargez la cuve ! Un garçon sensible, bien sûr ! Qu’est-ce que vous croyez ? Je prend part à la vie, moi !
Je goûte avec délice l’amertume de mon café, en ne pensant à rien d’autre qu’à ses caresses contre mes parois. Sous mes pieds, le plancher ciré, le bois déchiré, sec, frais, ami. J’ai dans la vue un plaisir, pénétré à pleines mains souvent, par tous les pores, dans toutes ses nuances. Et tout au long du jour, ces esquisses, ces rafales, ces bribes, encore, jamais identiques de mon quotidien.
Tailler son crayon, ouvrir l’armoire de la salle de bain, bon sang ! tourner la clé dans la serrure, décrocher le téléphone, émietter un croûton, ouvrir la première page, ah !
Je suis dans la vie. Qui suis-je ? Tu pleures ?
Oui, j’ai fait tout ça. Ne pas perdre ma certitude. Ne me regarde plus, tu vois.
Quand aujourd’hui je parle de beau, où sont tes cheveux ? J’ai perdu ton sourire, tes mains, tes regards. Et comment, la cambrure de tes reins, ta manière de hocher la tête ? Je ne parle plus.
Est-ce moi qui ne touche plus rien ou bien que plus rien ne touche ? Mes sens se sont nichés entre tes neurones. En perpétuelle attente. On pourrait croire qu’il n’y ait plus rien, que tu m’aies tué, en quelque sorte. Un poison à effet tardif, pourquoi pas.
J’ai vécu !
Ce jour est la dernière nuit de mon rêve.
T’ai-je seulement effleuré ? Oui, sans doute.
Comme une mouche - qu’est-ce qu’une mouche - je me rappelle, mes doigts se sont déposés sur la peau, et tu m’arrachais. Tu m’as raclé.
Une salade, des omelettes, gaspacho, tous les mêmes. Enfiler des radiateurs, pourquoi pas ? Et conduire en serviette, boire les plus grands chefs d’œuvre de la littérature, je le peux. Enfin, d’un même élan, tu comprends, puisque toi seule le vit désormais.
Vraiment, ce n’était qu’une journée, je crois. Puisque j’ai survécu. Et tu es encore là, c’est fou ! Oui, bien sûr, comment être debout sinon… J’ouvre les yeux, je les ferme surtout, j’articule, tu es là. Car ton absence t’a dévoré les tendresses, mais tu es là.
Comment oses-tu te présenter à moi sans présence ? Pourquoi ai-je accepté que tu perdes tout ? Pourquoi ai-je accepté que tu me perdes ?
C’est elle ! Je n’existe plus, c’est elle !
Folie, froideur, désir. Eclat de la raison.
De mieux en mieux, la douceur de la perte.
Une histoire de dons ? Je ne crois pas, non. On ne relève pas du domaine de l’échange.
Sinon, dis-moi : Où puis-je te contempler en moi ? Ce ne sont que mes bras, de partout la peau uniforme, et jusqu’à mes orteils toujours.
Sais-tu m’avoir rien cédé ? Tu avais toute la place, pourtant, je crois, pardon.
Là où j’ai cru te discerner des yeux, j’ai compris des blancheurs.
D’humaine, tu m’apparaissais droite et ça m’a pris.
Qu’avais-je construit ?
Tu l’as bien remplacé.
Etre à la hauteur ou ne pas.
Les flux, aïe. Temporalité vaine, je passais de l’instant. C’était mon poids, une ascension, qu’est-ce que c’était, perdu. C’est-à-dire tout, à cette époque.
Du fond des larmes, affliger les repères pour les extrémités nues. On s’y sent, à force.
A peine humecter, pas même aligner, qui s’en soucierait ? Tout factice de toute façon, bien sûr, bien sûr, bien sûr. Il le fallait. Heureusement, j’étais mon insu.
Soudain tu sois, l’écueil salvateur.
Je m’arrime, ça tangue haut. La mer est calme,
on en veut des bouées rebelles, arrogantes et sèches, soumises au drastique du port.
La familiarité du désert, d’une récurrence crasse et sauge, pourquoi sa fertilité.
Etais-tu ton cul ?
La côte des omoplates est en chute libre.
Personne n’est en mesure d’en compléter l’encan.
Il y a des humides, ici, oh.
Comment ? Parce que.
On m’envoie vous dire que ce n’est plus les murs, qui portent.
Jambon. Pardon ?
Allumer, percer, enclenche, merci.
J’avais demandé des fesses, on m’a servi des reins.
Ce sont les qui pourtant. Si si.
Ah rouge. Bon.
Puisqu’il en est ainsi, c’est par presque du meilleur.
Et les couleurs, pardi.
Doublure du losange, quand on y croit, c’est vrai.
Je ne suis plus.
Emporté par la rectitude que tu as modelé de ma chair.
Quelques courbures parfois, des arcs de cercle.
Peu à peu, j’ai dégrafé les sensations, lentement, dans un retrait contemplatif.
Plus de vieillissement, de plus en plus net.
Partager ce texte