Lorsque Vincent Mac Mahon est venu nous en parler, je n’avais encore jamais vraiment tenté d’agir de la sorte. Avec finesse, il sut nous convaincre. Seul un homme éloquent était capable de m’embarquer. Aujourd’hui, le souvenir que je garde reste celui, étrange, d’un impromptu prémédité.
Onel a ouvert la porte sur la pénombre d’un hall imposant. Là, un secrétaire entrouvert et quelques fauteuils Louis XV aux dossiers élimés s’accordaient au papier-peint. Nous nous sommes aussitôt engagés dans le couloir.
En arrivant dans une pièce plus lumineuse, une petite statuette a attiré mon attention. Coulée dans un alliage de bronze, elle paraissait artificiellement vieillie pour en obtenir l’aspect verdâtre. Chose étrange, alors même qu’elle reposait sur un socle à hauteur d’homme, ouvertement offerte au regard des visiteurs, il semblait qu’on l’eut reléguée dans un coin, comme si sa nature singulière ne devait surtout pas être sollicitée. Je n’eus pas le loisir d’approfondir, car mon attention fut rapidement détournée.
J’étais resté en retrait, ne m’autorisant qu’un rôle discret pour cette première fois. De loin j’apercevais surtout Darius, qui me parut assez actif malgré sa nonchalance habituelle. Je parcourais en silence, avec concentration, le rez-de-chaussée, couvert selon mon souvenir – sans toutefois pouvoir l’assurer – de parquet sur toute sa surface. Quelques toiles aux cadres sobres ornaient les murs selon une logique apparente de revendication contre leurs auteurs, impressionnistes et nabis pour nombre d’entre eux. Par de larges fenêtres, je m’arrêtai à plusieurs reprises pour contempler l’étendue du domaine, dont je ne parvenais pourtant pas à identifier les frontières.
Un cadre somptueux.
Sur un signe de Cyril Verde, nous sommes sortis.
Je ne connaissais pas cet homme, qui avait pourtant tout organisé.
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